- EXÉGÈSE (ÉCOLE DE L’)
- EXÉGÈSE (ÉCOLE DE L’)EXÉGÈSE ÉCOLE DE L’École désignant un groupe de juristes français, commentateurs du Code civil, qui, par leur enseignement et leurs écrits, ont exercé en France l’influence la plus marquante, de la promulgation du Code civil (1804) aux dernières décennies du XIXe siècle. Ces juristes ont appliqué des principes et une méthode d’interprétation qui n’étaient pas ceux des juristes de l’Ancien Régime et qui s’expliquent en partie par le prestige du Code nouveau et la volonté de Bonaparte de ne pas laisser les commentateurs s’écarter du texte légal. Les tenants de l’école de l’exégèse considèrent en effet que tout le droit réside dans la loi et que l’interprète ne doit pas chercher en dehors de la volonté du législateur, que celle-ci soit expressément formulée ou que, par des procédés dialectiques, on parvienne à la supposer. La première génération des maîtres de l’école de l’exégèse est celle de Merlin, de Toullier et de Proudhon. Avocat au parlement de Flandre sous l’Ancien Régime, député à la Constituante puis à la Convention, Merlin de Douai (mort en 1838) finit sa carrière publique comme procureur général à la Cour de cassation. Ses réquisitions devant la haute juridiction, réunies dans ses Questions de droit , et son Répertoire , prennent les solutions du Code, sans vouloir en scruter les motifs ni en discuter la valeur. Plus théoriciens parce que professeurs, Toullier (mort en 1835), doyen de la faculté de Rennes, et Proudhon (mort en 1838), doyen à Dijon, ont, dans leurs traités, plus nettement mis en œuvre la méthode nouvelle. Pour ce dernier surtout «c’est dans le Code Napoléon qu’il faut étudier le Code Napoléon», et en découvrir les principes «en comparant le Code avec lui-même». À Paris, Duranton (1783-1866) applique la même méthode, avec moins de rigueur cependant que Proudhon, dans son enseignement à la faculté et dans son Cours de droit civil français suivant le Code civil (1825-1837). L’apogée de l’école de l’exégèse est marquée par l’enseignement et les écrits de Demolombe (1804-1888), longtemps tenu pour le prince de l’école de l’exégèse, auteur de trente et un volumes écrits entre 1844 et 1882 et réunis sous le titre général de Cours de Code Napoléon , ceux d’Aubry et Rau, tous deux professeurs à Strasbourg (Aubry y ayant été doyen de 1850 à 1871), puis conseillers à la Cour de cassation, auteurs d’un Cours de droit civil français (4e éd., 8 vol., 1869-1879), chef-d’œuvre de l’école de l’exégèse — Aubry, dans un rapport de 1857, avait eu cette formule: «Toute la loi, mais rien que la loi.» À côté d’eux, on doit citer parmi les représentants les plus marquants de l’école de l’exégèse: en France, Troplong (1795-1869), qui couronna une carrière judiciaire par la première présidence de la Cour de cassation, Valette (1805-1878), qui pendant quarante-trois ans enseigna à la faculté de droit de Paris, Mercadet (1810-1854), avocat à Rouen puis à la Cour de cassation, auteur d’un commentaire du Code où la polémique contre ses contemporains tient une grande place, Demante, professeur à Paris de 1822 à 1856; en Belgique, Laurent, professeur à Gand de 1841 à 1887, qui appliqua avec rigueur les principes de l’école de l’exégèse dans les trente-trois volumes composant ses Principes de droit civil .
Encyclopédie Universelle. 2012.